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Équipe volante publique en santé : des questions en suspens sur la Côte-Nord

Des infirmières poussent une civière dans un couloir d'hôpital.

Le gouvernement du Québec a annoncé, conjointement avec la Confédération des syndicats nationaux (CSN) et la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ), la mise en place d'une équipe volante. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada

Le Conseil des médecins, dentistes et pharmaciens de la Côte-Nord se réjouit de la mise sur pied éventuelle d’une équipe volante publique pour prêter main-forte dans la région, mais se questionne sur la pérennité de cette solution au problème de main-d’œuvre. Le maire de Sept-Îles, Denis Miousse, partage des préoccupations similaires.

On pense que c’est une idée qui pourrait permettre d’éteindre les feux quand ils apparaissent, mais c’est sûr que ce n’est pas la solution pour avoir une bonne planification des soins à long terme, dit le président du conseil et anesthésiologiste à Baie-Comeau, Dr Youssef Ezahr.

Pour atténuer la crise qui secoue les hôpitaux de la Côte-Nord, le ministère de la Santé, la FTQ et la CSN ont annoncé jeudi la création d’une équipe volante publique. Selon Québec, une cinquantaine de travailleurs de la santé pourraient être déployés dans la région dès le début de juin.

Or, ces employés auront besoin d’une mise à niveau, avertit le Dr Youssef Ezahr. Il faut former la personne lorsqu’elle apparaît sur l’unité de soin. Il faut lui montrer où sont les outils et quels sont les protocoles sur la Côte-Nord. On n’a pas tous les mêmes protocoles interhospitaliers, explique-t-il.

Cette main-d’œuvre est tout à fait nouvelle. Elle ne connaît pas le milieu nord-côtier. Donc on repart encore à zéro. J’ai l’impression qu’on ne nous a pas donné tous les leviers pour être capables d’améliorer notre sort.

Une citation de Dr Youssef Ezahr, anesthésiologiste et président du CMDP de la Côte-Nord
Dr Youssef Ezahr.

Dr Youssef Ezahr, président du comité exécutif du Conseil des médecins, dentistes et pharmaciens, ainsi que chef du département d'anesthésiologie au CISSS de la Côte-Nord

Photo : Radio-Canada

La FIQ, qui représente 90 % des professionnels en soins du Québec, a affirmé vendredi qu’elle serait prête à prendre part « rapidement » à la nouvelle équipe volante, sous certaines conditions. Le syndicat veut que les négociations pour une nouvelle convention collective débouchent et que des solutions pérennes à la pénurie de main-d'œuvre en région soient adoptées.

Une solution à court terme

Le maire de Sept-Îles, Denis Miousse, applaudit lui aussi la création de l’équipe volante, mais il s’interroge sur l’efficacité à long terme de cette initiative pour résoudre le problème de main-d’œuvre du CISSS de la Côte-Nord.

Combien de temps ces gens resteront-ils à Sept-Îles? Est-ce que c’est une semaine, deux semaines ou trois semaines? À un moment donné, il va falloir quelque chose de plus pérenne que ça, soulève-t-il.

Le CISSS de la Côte-Nord dépend énormément de la main-d’œuvre indépendante, selon Denis Miousse, qui était président du conseil d’administration de l’établissement de santé jusqu’à son élection comme maire de Sept-Îles, en novembre dernier.

Il rappelle le fait que le recours aux agences privées représente 18 % des dépenses du CISSS de la Côte-Nord, dont le déficit budgétaire atteindra 98,9 millions de dollars en 2024-2025.

De son côté, le Dr Youssef Ezahr croit que Québec devrait offrir des incitatifs de recrutement et de rétention pour que le CISSS se départe de cette dépendance. Des incitatifs financiers pour bloquer le fly-in fly-out. On le fait déjà avec les fédérations médicales. On peut également le faire pour les professionnels de la santé.

Autrement, il en va de la sécurité des patients qui sont confrontés à des ruptures de services, estime-t-il.

Des mères et des intervenantes à la maison des familles.

La Maison des familles de Baie-Comeau accompagne près de 650 familles de la Manicouagan par année.

Photo : Radio-Canada / Benoît Jobin

Des ruptures de services au Centre mère-enfant qui inquiètent

Vendredi, le CISSS de la Côte-Nord prévoyait toujours fermer la pouponnière et l’unité pédiatrique du Centre mère-enfant de Baie-Comeau à compter de dimanche. Les accouchements seront tout de même possibles, précise l'établissement de santé.

Toutefois, davantage d’accouchements à risque pourraient être transférés en dehors de la région. Toutes les grossesses dites "à risque" ne mèneront pas nécessairement à un transfert avant l’accouchement pendant la période de fermeture de la pouponnière. C’est une décision médicale au cas par cas pour conclure qu’un transfert est nécessaire ou non, indique le CISSS.

L’inquiétude demeure toutefois chez plusieurs parents, souligne la coordonnatrice en périnatalité à la Maison des familles de Baie-Comeau, Carol-Ann Boudreault.

Le sentiment général des gens est de dire qu’on ne peut plus se permettre que nos enfants soient malades. Plus spécifiquement, pour la population qui attend un enfant, qu’est-ce qui va arriver après la naissance ou s’il y a un besoin de soins, même mineurs?, demande-t-elle.

Ça soulève beaucoup d'incertitudes et d'inquiétudes pour les parents. J’oserais même dire une grande source de stress dont ils n’ont peut-être pas besoin à ce moment-là de leur vie.

Une citation de Carol-Ann Boudreault, coordonnatrice en périnatalité à la Maison des familles de Baie-Comeau
Carol-Ann Boudreault.

Carol-Ann Boudreault espère qu’un minimum d’accouchements seront transférés en dehors de la région.

Photo : Radio-Canada / Benoît Jobin

Carol-Ann Boudreault s’inquiète aussi pour les jeunes familles immigrantes, qui sont de plus en plus nombreuses à recourir aux services de la Maison des familles.

Des familles qui ont déjà peu ou pas de filet social, qui ont un petit point de référence dans un intervenant ou une famille qui les a accueillies. Et puis là, on va les déraciner, ces gens qui ont déjà vécu un déracinement, mentionne-t-elle.

Plus tôt cette semaine, le CISSS de la Côte-Nord est revenu sur des ruptures de services qu’il avait annoncées. La fermeture de l’urgence de Forestville de soir et de nuit est évitée et le transfert de 40 patients hospitalisés à Sept-Îles et à Baie-Comeau est suspendu pour une semaine.

Avec des informations de Daniel Thibeault

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