Les prix de Loblaw irritent... depuis 1966
Frank Morley discute des prix avec les manifestants le 21 octobre 1966 tout en distribuant des gobelets de café.
Photo : Getty Images / Barry Philp/Toronto Star
Plus ça change, plus c’est pareil : l’augmentation du coût de l’alimentation suscite l’ire des Canadiens.
Un mouvement de boycottage lancé en ligne vise la chaîne Loblaw. Les prix des produits du propriétaire de supermarchés partout au pays sont jugés déraisonnables.
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En 1966, des Ontariens en étaient venus à la même conclusion.
Le 21 octobre 1966, une grande manifestation a été organisée dans une succursale Loblaws du centre-ville de Toronto.
À l’époque, les médias avaient prévu 2000 manifestants. Or, seulement quelques dizaines de protestataires s’y sont présentés.
Résultat : la couverture médiatique s’est concentrée sur la faible participation des femmes au foyer
mécontentes.
Le Toronto Star estimait le nombre de manifestants à 65. Le lendemain, en page 2, l’article mettait l'accent sur les quelques femmes
qui s'étaient présentées à l’épicerie près de l’intersection des rues Yonge et Bloor.
La façade du supermarché où a eu lieu la manifestation en 1966 telle que présentée, sur un bout de papier, par le présentateur des nouvelles Warren Davis à CBC.
Photo : Radio-Canada / CBC
Le Globe & Mail, quant à lui, choisissait un titre de deux lignes en première page : L'invasion annoncée de Loblaw se résume à une escarmouche mineure
. Selon le quotidien, le nombre de manifestants n'était que de 25.
Le regroupement de manifestants se nommait HOME, mais la signification de l’acronyme n’est pas la même d’un quotidien à l’autre : Housewives Organization for Moderate Economy
ou Home Housewives Organizations for Modern Economy
[Organisation de femmes au foyer pour une économie modérée
ou Organisation de femmes au foyer pour une économie moderne
, traductions libres].
Un vice-président de Loblaw, Frank Morley, s’y est pourtant présenté.
Le but de la manifestation était de vérifier les prix
, c'est-à-dire arracher les étiquettes de prix des articles du magasin afin de révéler les prix inférieurs qu'ils affichaient avant d'être majorés par l'épicier.
Ils ont découvert qu'une marque de noix de muscade à 39 cents était auparavant à 33 cents et qu'elle était à l'origine à 28 cents
, rapporte le Globe & Mail, ce qui signifie que les commis avaient simplement collé une nouvelle étiquette sur l’ancienne chaque fois que le prix augmentait.
Le calculateur d'inflation en ligne de la Banque du Canada indique que 0,39 $ en 1966 équivaut à 3,60 $ aujourd'hui.
Le Star cite une manifestante de HOME, Sheila Clark, qui a confronté le vice-président Morley au sujet du prix de 1,24 $ indiqué sur un autocollant couvrant le prix initial de 1,09 $ d’un pot de café.
Il doit s'agir d'une erreur d'écriture
, a répondu M. Morley, selon le journal.
Avec les informations de Geoff Nixon de CBC