35 ans et toujours autant d’engouement pour le tournoi d’improvisation de l’AFOLIE
Plus de 250 élèves franco-ontariens participent cette semaine au 35e tournoi d'improvisation de l'AFOLIE qui se déroule à Sturgeon Falls.
Photo : Radio-Canada / Bienvenu Senga
Plus de deux cents élèves participent au 35e tournoi d'improvisation de l'Association franco-ontarienne des ligues d'improvisation étudiantes (AFOLIE), qui se déroule à Sturgeon Falls. Beaucoup d'entre eux y participent pour la première fois cette année.
Entre deux coups de sifflet de l’arbitre et ses répliques spontanées, Océane Jean Deschènes prend la réelle mesure d’une nouvelle expérience qu’elle a presque ratée.
L’élève au Centre scolaire Jeanne-Lajoie de Pembroke n’avait jamais pensé à se lancer dans l’improvisation, jusqu’à ce qu’elle entame l’automne dernier sa 13e année.
Il m’a fallu une année de plus parce que je n’étais juste pas là pour certains crédits, puis finalement, c’est une des meilleures décisions de ma vie parce que j’ai pu faire des choses comme être dans une équipe d’improvisation, ce que je n’aurais pas fait avant.
Sur la glace
, avec ses coéquipiers, son seul objectif est de rivaliser d’ingéniosité avec l’équipe adverse pour mieux répondre à une thématique donnée, en espérant au passage décrocher des rires aux spectateurs dont le vote compte.
Océane Jean Deschènes participe au tournoi de l'AFOLIE pour la toute première fois.
Photo : Radio-Canada / Bienvenu Senga
Quand je vais sur scène, ce n’est pas moi qui vais sur scène. Je deviens quelqu’un d’autre. Je laisse qui je suis derrière. [...] Il n’y a pas de ridicule, pas de trop bizarre. On est tous ridicules, on est tous bizarres et c’est ça qui fait qu’on est une bonne communauté
, note-t-elle.
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Tout comme Océane, Yannick Gwaza est venu de loin, lui aussi pour son tout premier tournoi. Il a parcouru 400 kilomètres à partir d’Oakville, où il fréquente l’École secondaire catholique Sainte-Trinité.
Yannick Gwaza, qui étudie à l'École secondaire catholique Sainte-Trinité d'Oakville, participe au tournoi L'AFOLIE pour la première fois.
Photo : Radio-Canada / Bienvenu Senga
Je trouve ça formidable, l’ambiance, les arbitres. [...] Il y a beaucoup d’écoles qui viennent du Nord et normalement, on ne se croiserait presque jamais. Mais là, on peut se rencontrer, on a tous des accents différents, c’est superbe
, affirme l’élève de 10e année.
L’improvisation est pour lui une manière d’exprimer sa passion pour la performance, relate-t-il, et il apprécie particulièrement dans cette forme d’art la variété de catégories
qui lui permet de chanter, de danser, de faire rire et pleurer parfois en l’espace de quelques minutes à peine.
La relève au rendez-vous
Faire rire la foule a aussi été l’objectif de Massil Hallil de l’École secondaire publique Maurice-Lapointe de Kanata. La victoire est d’ailleurs secondaire pour lui et les quelques défaites du premier jour en phase préliminaire sont loin de le décourager.
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Je crois que ça va aller mieux. Même les arbitres ont remarqué qu’on s’améliore
, dit-il, confiant.
Massil Hallil dit prendre beaucoup de plaisir à faire de l'improvisation.
Photo : Radio-Canada / Bienvenu Senga
De toute manière, l’expérience en soi en aura valu la peine, car tous les membres de son équipe en sont à leur première participation.
Je trouve que c’est très très cool. J’ai rencontré des gens que je n’ai jamais vus et ils ont tous des expériences très similaires [aux nôtres] étant donné qu’ils sont dans des écoles françaises, donc c’est intéressant de faire ça.
À l’École secondaire publique de Nipissing Ouest, la moitié de l’équipe était composée d’élèves de la 9e année, au plus grand plaisir du doyen Jonathan Marleau, élève finissant.
32 équipes s'affrontent dans le cadre du tournoi d'improvisation de l'AFOLIE.
Photo : Radio-Canada / Bienvenu Senga
C’est juste vraiment incroyable de voir des jeunes comme eux qui sont intéressés [par] l’improvisation même à ce jour et j’adorerais que ça continue
, signale-t-il.
Contrer l’insécurité linguistique
Ce ne sont pas que les élèves qui s’amusent au tournoi.
Le "highlight" de mon année scolaire, c’est de pouvoir venir à l’AFOLIE
, s’exclame l’enseignante Geneviève Fortier de l’Académie catholique Ange-Gabriel de Brockville.
Depuis 2010, elle entraîne l’équipe de son école et l’accompagne aux rencontres provinciales.
Chaque année, certains de ses élèves la surprennent par leur performance au point où, assise dans la foule, elle se dit qu’elle ne voudrait peut-être pas être à leur place
.
Ça prend beaucoup d’assurance ou de confiance en soi pour pouvoir faire ça devant une foule
, remarque-t-elle.
Geneviève Fortier entraîne l'équipe d'improvisation de son école depuis 2010.
Photo : Radio-Canada / Bienvenu Senga
Le tournoi stimule d’ailleurs la volonté de s’exprimer davantage en français chez des jeunes qui, pour la plupart, évoluent avec beaucoup de référents culturels plutôt anglophones
.
Ce sont les quatre coins de la province, puis on n'a pas toute la même base francophone. Et donc il y a certaines expressions qui sont plus typiques de l'Est ontarien, il y en a qui sont plus du Sud, plus du Nord. Et donc en pouvant exploiter ça, les jeunes se sentent en confiance
, déclare Mme Fortier.
Il y a un temps, on donnait des pénalités d’anglicismes, des choses comme ça, puis là maintenant, on permet plus aux jeunes de s'exprimer [...], on leur donne leur place.
Même son de cloche pour Océane Jean Deschènes.
De voir qu’il y a un événement qui renforce le français comme ça pour 30 écoles, pendant quatre jours, ils savent qu’ils doivent parler français et que leur français doit être [meilleur] que d’habitude, je trouve que c’est tellement une bonne idée pour encourager les jeunes à maintenir le français.
Son seul regret, comme finissante, est de ne pas pouvoir revenir à l’AFOLIE l’an prochain. Elle en gardera tout de même de nombreuses leçons de vie, comme la collaboration ou encore [sa] vision de la victoire ou de la défaite qui a changé en deux journées
.
Je trouve que c’est une expérience qui m’aide à bien mûrir en tant qu’adulte
, conclut-elle.
Le tournoi prend fin samedi.