Plus difficile de recueillir des dons en temps d’inflation
Les gestionnaires de l’Association du cancer de l'est du Québec estiment qu’elles devront user d’imagination et être créatifs pour continuer à recueillir des dons.
Photo : ACEQ / Janie Malenfant
Que ce soit à l'épicerie, dans le transport, l'électricité ou le commerce de détail, les prix sont en hausse partout. Les consommateurs sont touchés, mais l'inflation affecte aussi les organismes communautaires qui œuvrent directement auprès de la population.
C’est le cas de l'Association du cancer de l'est du Québec (ACEQ). Au total, 59 % de son budget annuel est recueilli auprès de la population du Bas-Saint-Laurent, de la Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine et de la Côte-Nord. Cela représente annuellement un montant qui varie de 1,7 à 2 millions de dollars.
Pas moins de 22 campagnes ou activités de financement sont nécessaires pour recueillir cette somme qui provient de diverses sources, notamment des revenus générés par la Friperie de l’est, la Loterie qui fait du bien, le Défi vélo plein air et le Vélo tour de la Gaspésie. S’ajoutent à cela le publipostage et le porte-à-porte.
Mélanie Lepage, directrice générale de l'Association du Cancer de l'est du Québec
Photo : Radio-Canada / Lisa-Marie Bélanger
Mais c’est lors de sa dernière campagne de télémarketing que l’ACEQ a constaté qu’il était maintenant difficile pour certains de verser un don à l’organisme. Il y a une catégorie de gens qui donnent plus, une catégorie de gens qui ne donnent plus et une catégorie de gens qui vont donner moins
, souligne la directrice générale, Mélanie Lepage.
L’objectif de cette activité de financement a été fixé à 60 000 $. Néanmoins, Mme Lepage indique que 45 000 $ ont été récoltés jusqu’à maintenant. Elle ne s’attend pas à dépasser 50 000 $. Quand on appelle, les gens disent : "Je suis désolé, cette année, je ne pourrai pas donner"
, précise-t-elle.
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Si les gens ne donnent pas, ils disent pourquoi ils ne peuvent pas donner.
Dans ce contexte économique plus difficile, l’ACEQ n’a eu d’autre choix que de hausser le prix d’une nuitée à l’hôtellerie Omer-Brazeau. Le tarif est passé de 29 $ à 35 $, ce qui inclut encore le déjeuner continental et un coupon repas échangeable pour un dîner à la cafétéria du Centre hospitalier régional de Rimouski.
L’hôtellerie Omer-Brazeau en chiffres :
- 38 chambres munies de deux lits à une place
- 15 009 nuitées en 2023 (dont 12 662 en lien direct avec les services d’oncologie)
- 68 % de la clientèle provient de la Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine
Bien que l’organisme tente de garder le tarif le plus bas possible, des clients ont de la difficulté à payer leurs frais de séjour, qui s’échelonne parfois jusqu’à huit semaines. Les gestionnaires de l'organisme le constatent, notamment grâce à leur fonds d'aide qui sert à soutenir financièrement des usagers.
La cuisine commune de l'hôtellerie Omer-Brazeau permet aux personnes qui y résident de se préparer des repas et d'échanger entre eux.
Photo : Radio-Canada / Lisa-Marie Bélanger
En 2023, c’est 94 000 $ qui a été donné au fonds d’aide, contrairement aux autres années où c’était 50 000 $
, affirme la directrice générale de l’ACEQ. Cela affecte davantage les Bas-Laurentiens, selon elle. Tous les gens qui sont à 200 kilomètres et plus, la nuitée est compensée par le réseau de la santé. Donc ces gens-là ne le déboursent pas de leur poche
, mentionne Mélanie Lepage. Elle souligne que ce stress financier s’ajoute à celui lié à la maladie.
L’inflation affecte l’ACEQ de bien des façons. Les denrées alimentaires coûtent plus cher, les frais de chauffage au mazout augmentent, de même que les frais d’envoi postal. Même la trousse de réconfort coûte plus cher.
Depuis quatre ans, cette trousse de réconfort est remise à chaque patient de l’est du Québec lors de son premier rendez-vous de chimiothérapie. Il s’agit d’un sac dans lequel on retrouve une couverture qui les garde au chaud pendant les nombreuses heures de traitement. On y trouve aussi un cahier de mandalas, des crayons de couleur, des menthes pour enlever de la bouche le goût amer du traitement, une gourde et un cahier de notes.
Au début, une trousse était autour de 39 $, 40 $. Maintenant, on est en soumissions pour les prochaines, mais les dernières nous ont coûté environ 59 $
, déclare la directrice des services de l'organisme, Krystine Plourde.
Krystine Plourde est directrice des services à l'Association du cancer de l'est du Québec.
Photo : Radio-Canada / Lisa-Marie Bélanger
Les gestionnaires de l’ACEQ estiment qu’elles devront user d’imagination et être créatifs pour continuer à recueillir des dons. Mme Lepage indique que les donateurs désirent de plus en plus vivre une expérience en retour d’un don, comme prendre part à un souper ou encore, recevoir une contrepartie.
La directrice générale affirme que chaque dépense est analysée rigoureusement de manière à maintenir l’équilibre budgétaire et poursuivre la mission de l’organisme qui est d’offrir des services aux personnes atteintes de cancer ainsi qu’à leurs proches.