Un 2e anniversaire à l’hôpital : la triste réalité d’un jeune homme autiste de Dieppe
Sa famille lance un cri du cœur pour qu'on lui trouve une place en foyer de soins.
Sébastien Cormier, un jeune autiste, célèbre pour la deuxième fois son anniversaire dans la chambre d'hôpital devenue son lieu de vie.
Photo : courtoisie:Lise LeBlanc
Sébastien Cormier vient de fêter ses 30 ans à l'hôpital. C’est le deuxième anniversaire qu’il célèbre dans cette chambre où il vit depuis l’automne 2022.
Sébastien n'est pas malade. C'est un jeune homme autiste non verbal qui a besoin de soins constants. C’est comme un enfant de 4 ou 5 ans
, explique sa mère, Lise LeBlanc.
Son fils costaud et barbu a besoin de supervision. Il faut lui faire ses repas, changer ses vêtements, lui donner son bain. Il peut avoir des comportements agressifs, notamment s’il n’arrive pas à se faire comprendre.
Sa chambre au département de psychiatrie du CHU Dumont est devenue son lieu de vie depuis que la direction du foyer où il habitait l’a envoyé à l’hôpital.
Sébastien vit dans cette chambre d'hôpital depuis 18 mois.
Photo : Gracieuseté : Lise LeBlanc
Ils ont dit que son comportement n'était pas bien. Ça ne fonctionnait plus au foyer, donc ils voulaient que le docteur fasse une évaluation de ses médicaments. Je crois que c’était plus un problème de foyer qu'un problème de Sébastien
, ajoute sa mère.
Inquiète du traitement que son fils autiste subissait dans ce foyer, Lise LeBlanc a décidé de ne pas le renvoyer dans cet établissement.
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C’était il y a 18 mois. Depuis, un seul foyer a manifesté de l’intérêt pour accueillir Sébastien. Un représentant du foyer lui a rendu visite à l’hôpital, mais a décidé de ne pas lui offrir de place.
Sa mère ne sait pas pourquoi. Elle a voulu parler à la personne en question, mais sa demande a été refusée. La décision était prise. On est juste laissés de côté
, lance Lise LeBlanc, les larmes aux yeux.
On se sent abandonnés.
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Son frère emprisonné
C'est vraiment dur pour moi de voir qu'il est juste, on dirait, emprisonné-là. Ça fait un an et demi
, confie Jacob Léger, le petit frère de Sébastien.
Le jeune homme de 18 ans rend visite à son frère tous les jours depuis 5 mois et il voit les progrès qui découlent de ce contact quotidien.
Il est de plus en plus confortable quand même de faire différentes activités avec moi, puis essayer différentes choses
, indique-t-il.
Jacob joue à toutes sortes de jeux avec Sébastien dans sa chambre d’hôpital et il l’emmène à la piscine une fois par semaine.
Sébastien Cormier se rend au centre aquatique de Dieppe une fois par semaine, une rare sortie pour l'homme qui réside à l'hôpital.
Photo : Radio-Canada
Lise LeBlanc précise que son fils est très bien traité à l'hôpital, mais qu'il passe toutes ses journées dans sa chambre.
Son souhait le plus cher est que Sébastien obtienne une place en foyer ou en résidence communautaire où il sera heureux, en sécurité, où on s’occupera bien de lui.
La quinquagénaire a une santé un peu fragile et elle s’inquiète pour l'avenir de son fils. Je ne sais pas où je vais être rendue demain, tu sais,
confie-t-elle avec tristesse. Elle craint que si elle n’était pas là, son fils autiste soit oublié.
Une solution qui tarde à venir
Sébastien a besoin d’une place dans un foyer ou une résidence qui offre des soins de niveau 4.
Selon le ministère du Développement social, il y a 20 lits de niveau 4 en foyers de soins dans la grande région de Moncton. Les résidences communautaires du grand Moncton ont 89 lits de niveaux de soins 3 et 4.
Liette Lanteigne, directrice générale du centre Autisme Péninsule acadienne, en entrevue avec Karine Godin
Photo : Radio-Canada
Dans une déclaration écrite, le ministère du Développement social du Nouveau-Brunswick indique que le personnel du ministère travaille fort pour s'assurer que les soins sont fournis au meilleur niveau possible. Cela peut parfois prendre du temps, mais nous continuons à travailler au nom de ceux qui ont besoin d'aide, et pour leurs familles qui veulent simplement voir leur proche bénéficier d'un soutien adéquat.
Lise LeBlanc avec son fils autiste, Sébastien Cormier, le jour de ses 30 ans à l'hôpital Georges L. Dumont.
Photo : courtoisie:Jacob Léger
Ces mots ne changent rien à la situation de Sébastien et de sa famille. Ils me disent (que) ça s'en vient, mais ça fait un an et demi que j'entends ça
, se désole Lise LeBlanc.
C'est parce qu'il est une personne comme une autre. Donnez-lui une chance.
En attendant une solution qui permettra à Sébastien de sortir de l’hôpital, elle demande aux gens de ne pas juger son fils autiste et de lui faire une place.